« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (Mt 5, 48) Telle est la consigne que le Christ adressait à tous les hommes, et spécialement ceux qui lui sont incorporés par l’ordre surnaturel et qui forment avec Lui dans l’Église un « Corps mystique ».

Dieu se connaît infiniment parfait et bon et s’aime comme tel de toute éternité. En cela se réalise le mystère de la Sainte Trinité. Connaître Dieu tel qu’Il est en lui-même et L’aimer de ce fait, tel est le but et la raison d’être de la vie humaine, laquelle est surnaturalisée par la grâce, principe de vie divine.

Cependant, cet ordre voulu par Dieu et instauré à l’origine par sa Bonté toute-puissante a été détruit par le péché, la faute originelle ayant souillé tous les hommes et les ayant rendus incapables d’atteindre Dieu dans l’ordre surnaturel.

Heureusement, Jésus-Christ est venu relever l’humanité déchue. Il prêcha la doctrine de vérité, donna par sa vie l’exemple de l’homme parfait et mourut par amour sur la croix. Les sources surnaturelles pouvaient désormais inonder l’Église. L’Église, institution visible, est avant tout un organisme surnaturel. Avec Jésus-Christ comme Tête et les chrétiens comme membres, elle forme le Corps mystique du Christ, elle vit de sa vie par son Esprit, propage sa doctrine et exerce sa mission de sanctification jusqu’à la fin des temps.

La perfection consistera donc a être incorporé à Jésus-Christ et à y conformer sa manière d’agir, vis-à-vis de Dieu le Père, qui a voulu notre divinisation ; vis-à-vis de Dieu le Fils, Jésus-Christ, qui par son union à la nature humaine a permis notre participation à la nature divine ; vis-à-vis du Saint-Esprit, qui opère continuellement cette déification ; enfin, vis-à-vis des membres de ce Corps mystique, afin que par eux le Royaume de Dieu soit étendu : approfondissement de la vie surnaturelle dans les chrétiens, apostolat sous toutes les formes, œuvres missionnaires.

Jésus-Christ donna lui-même le programme de la perfection chrétienne dans le Sermon sur la montagne et spécialement dans les Huit Béatitudes.

Pour parler simplement, la perfection chrétienne consiste donc dans l’amour de Dieu par-dessus tout et du prochain comme soi-même. A la suite du péché originel, nos penchants et nos défauts sont des obstacles à la perfection. Attirés par la convoitise, nous ne suivons pas la voie de Dieu et nous nous rebutons contre la souffrance et l’effort. Nous avons alors l’obligation, connaissant bien Dieu et nous-mêmes, de combattre nos mauvais penchants par la pratique des vertus. C’est par une manière d’agir vertueuse que nous améliorons notre vie et que nous parviendrons à un stade toujours plus élevé de la perfection chrétienne.

Rappelons-nous que l’expansion locale de notre religion catholique reste une tâche réservée à chacun de nous. L’Église visible vaut ce que valent les catholiques. Ne perdons pas de vue que notre Église n’est pas bâtie sur le Thabor mais sur le Golgotha et se prolonge par l’Esprit-Saint dans le Christ crucifié.

Les moyens ordinaires pour atteindre la perfection sont : la foi dans la Révélation divine ; l’observation des Commandements de Dieu et de l’Église, même ceux qui paraissent de moindre importance, car « Celui qui reçoit mes commandements et les garde, c’est celui-là qui m’aime… » (Jn 14, 21) ; la réception fréquente et digne des Sacrements, la participation à la Sainte Messe et la prière, qui procurent la vie surnaturelle, l’augmentent et la fortifient, qui nous font vivre aussi plus intimement avec Dieu ; le renoncement à soi-même, la mortification, et, par la connaissance de ses faiblesses (utilité de l’examen de conscience), la fuite du péché et l’exercice des vertus ; l’accomplissement du devoir d’état en vue d’être par là agréable à Dieu ; le soulagement du prochain dans la détresse et les autres œuvres de charité.

De cette façon nos années et nos jours seront pleins de mérites et sanctifiés. Et si nous nous sommes efforcés d’atteindre la perfection que Dieu attendait de nous, loin de craindre à notre mort son jugement divin, nous entrerons avec joie dans la vie éternelle.

La Prière

« La prière est une conversation, un entretien familier ou commerce de l’âme avec Dieu. Nous parlons à Dieu et Dieu à nous. Nous aspirons vers Lui, nous respirons en Lui et Lui nous communique ses inspirations. » (Dom Butler)

La prière, nourriture de l’âme, est nécessaire à la sanctification. Elle élève l’âme vers Dieu, elle l’adore et le remercie de ses bienfaits ; elle demande pardon pour tous nos péchés, fait progresser dans la vertu, fortifie dans les tentations, procure la consolation dans la souffrance, aide l’âme dans la détresse et produit surtout la grâce de la persévérance.

La prière est la puissance suppliante. Par la prière nous reconnaissons la puissance de Dieu, en même temps que notre dépendance, notre infortune, notre faiblesse. S’il est impossible de vivre chrétiennement sans la grâce de Dieu, la prière, avec les Sacrements, nous procure la grâce nécessaire. Sur la puissance de la prière, la promesse divine est formelle : « Demandez et vous recevrez. » — « En vérité, si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous l’accordera. » — « Celui qui prie est assuré d’acquérir la béatitude éternelle celui qui ne prie pas est certainement damné », dit saint Alphonse de Ligori.

La prière est une nécessité pour l’homme ; la prière est vie : c’est croire à l’amour de Dieu, de Jésus et de Marie pour nous. Avec eux, « vous pouvez aborder tous les sujets, vous pouvez tout discuter ; vos projets pour l’avenir et vos doutes pour le passé, vos succès et vos échecs, vos joies et vos peines, vos désillusions et vos surprises, vos tentations et vos consolations, les plus belles choses qui comme un idéal vivent dans votre âme, et les forces obscures qui livrent combat dans votre cœur pour le bien et le mal. » (Fr. Rongen, O. Cist. R.)

Les Pères de l’Église, les Saints, Notre Mère la Sainte Église appuient sur cette vérité fondamentale. Le Christ lui-même donna l’exemple. Les Apôtres répétaient la même prescription : « Veillez et priez » (Saint Pierre) — « Persévérez dans la prière. » (Saint Paul)

La prière est la clef du ciel. D’ailleurs, « prier est l’occupation propre et éternelle du ciel; le ciel lui-même a appris à la terre à prier. » (Mgr Cruysberghs)

L’amitié de Dieu est notre bien le plus précieux. Et pour conserver une amitié vivace, des relations personnelles ou par correspondance sont nécessaires. Conservons donc l’habitude de notre enfance, apprise sur les genoux de notre mère : bien prier régulièrement, le matin et le soir. Il convient également de prier avant et après les repas, avant et après un travail important ; de prier la Sainte Vierge et les Saints en vue d’obtenir leur assistance avoir une dévotion pleine d’amour envers le Sacré-Cœur ; dire des prières réparatrices ; propager la prière commune en famille ; méditer en priant la Sainte Passion de Jésus.

Dieu veut notre sanctification. Nous demanderons donc à Dieu spécialement par nos prières de nous accorder les grâces qui sont nécessaires ou utiles à notre vie spirituelle. Il est également permis de demander à Dieu des biens temporels, mais en se soumettant d’avance à sa sainte Volonté. Dieu nous les accordera s’ils nous sont utiles.

Nous devons prier avec une confiance qui ne soit pas basée sur nos mérites, mais sur la promesse divine et sur les mérites de notre intercesseur Jésus-Christ.

Nous devons prier humblement, nous adresser respectueusement à la Majesté divine, reconnaître notre misère et notre faiblesse. L’humble publicain a été exaucé.

Nous devons prier avec sincérité, c’est-à-dire avec le vrai désir d’obtenir de Dieu la grâce que nous demandons et la ferme volonté de coopérer par notre prière à son obtention.

Nous devons prier avec persévérance et avoir toujours notre refuge en Dieu.

Tâchons toujours d’être bien attentifs à notre prière et d’éviter les distractions, soit qu’il s’agisse de prière collective, soit qu’il s’agisse de récitation privée ou de méditation. Ne faudrait-il pas que chaque pensée qui se rapporte à Dieu éveille en nous de la piété, de l’émotion, de l’amour ? Dans ce but, il est bon, avant la prière, de se recueillir quelques instants, de penser avec modestie que Dieu nous voit et nous entend, ensuite de bien préciser le but de notre prière en y ajoutant une intention.

Il est utile de prier en commun. Dieu a promis des bénédictions spéciales à ceux qui se réunissent pour prier. « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, Je serai au milieu d’eux. » (Mt 18, 20)

Soyons fidèles à la récitation du chapelet. La meilleure prière est celle que l’Église tout entière récite : l’Office divin ou la Liturgie des Heures, et la plus excellente prière de reconnaissance publique est le Saint Sacrifice de la Messe.

La réunion harmonieuse des deux idées principales de la religion : adoration de Dieu et perfection personnelle, demeure l’expression la plus complète et la plus saine de la vie spirituelle pour tous les chrétiens. Jésus-Christ nous a appris par la parole et par l’exemple à pratiquer les deux.

N’oublions pas cependant que le sentiment de notre appartenance à la communauté catholique demande que nous étendions nos pensées à nos frères en Jésus-Christ et que nous priions pour le succès de l’action apostolique de la Sainte Église dans le monde entier.

En priant, ne nous confinons pas dans un individualisme étroit. La Sainte Église nous en donne l’exemple dans toute sa liturgie et particulièrement au Saint Sacrifice de la Messe. Et d’ailleurs, toute prière faite en esprit de communauté attire d’abondantes bénédictions même sur notre vie individuelle.

Retenons aussi que sans la prière, tout apostolat demeurera stérile. et qu’est donc la vie d’un chrétien qui ne serait pas intensément apostolique ?… Tout donc dans notre religion nous invite à faire croître en nous cette vie intérieure qui est comme une effusion de l’Esprit-Saint.


Illustration : Anna Boch, Pendant l’élévation, huile sur toile, 1893, Mu.ZEE, Ostende, Belgique.

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